La cave

Pourquoi créer une cave dans un petit village du Morvan ?
Les réponses et les origines divergent…

Commençons par « La Fleuriste, Le Caviste et le Libraire ». C’est le nom d’une performance donnée à la fin du vingtième siècle à l’Atelier du Plateau, l’autoproclamé Centre Dramatique National de Quartier sur les hauteurs de Belleville. Votre serviteur est sur scène mais comme libraire, accompagné de Philippe Ansot le caviste de la rue de Belleville et Dominique Colombi fleuriste de la Java Bleue, rue de la Villette, soirée prémonitoire…

Poursuivons en restant dans le haut Belleville. Avec l’équipe de la librairie l’Atelier nous descendons rue des Envierges, oscillant entre le Vieux Belleville et le bistrot-cave de François Morel, à cette époque on peut se pointer sans résa au Baratin, et sur la route il y a la micro-table d’Olivier Camus…Mais notre vrai repère c’est Le Casque d’Or rue des Cascades où Marc Cédat et Mouloud deviennent nos cantiniers attitrés. On ne parle pas encore de « vin nature », mais d’honnêtes canons, de vins paysans, bref des vins sincères avec de vraies vigneronnes et de vrais vignerons derrière et ce sont des hectolitres de Gamay d’Auvergne et autres vins Aveyronnais qui accompagnent les charcuteries d’anthologie et les mémorables pountis de cette adresse légendaire.

Quelques années plus tard, de l’autre côté  de cet arrondissement, c’est une autre figure, Mourad-le-breton, qui, au cœur du village de Charonne devient avec Leïla et leur Vierge de la réunion ma cantoche où je trouverais toujours les élégants Saint-Chinian de Deborah Knowland ou les Œillades de Thierry Navarre. À une encablure, Agnès-la p’tite-caviste-Baracco va devenir ma dealeuse officielle jusqu’à mon départ pour le Morvan, et l’une de mes premiers soutiens… C’est elle qui me réconcilie avec la Bourgogne grâce aux cuvées de Pierre Fenals ; c’est chez elle que je découvre Mathieu Coste et surtout les premières cuvées parcellaires et icaunaises de Vini Viti Vinci, Juliette et Kikro deviendront des amis pour la vie…

Je pourrai également remonter dans le temps avec les Crémants bio des d’Heilly à Moroges qui irriguaient les Prix Millepages dans les 80’s, les visites chez Dominique Gruhier avec le poteau Jéjé, la lecture incessante de Le Rouge et le Blanc et la découverte magique à leurs trente ans des premiers vins de Catherine Riss, ou m’attabler une dernière fois au Bougainville où, bonhomme, Christian Maurel nous parlais des terroirs de Montigny-les-Arsures ou de Champlitte.

Tout ça pour dire que le vin nature pour moi n’est pas une mode : j’étais juste là au bon endroit au bon moment.
Pas une mode, mais un mode de vie. 
Je commence, en plus de les boire, à me passionner pour ces femmes et ces hommes qui ont eu envie et besoin de faire des vins dénués de tout artifice ou de béquilles chimiques. Pour leur santé, pour la nôtre et pour le respect du vivant et des sols. J’emmagasine ces histoires, ces rencontres, ces partages. 

« Tout ça pour dire que le vin nature pour moi n’est pas une mode, mais un mode de vie. »

C’est donc assez naturellement, que, m’interrogeant sur mon futur en regardant couler la Cure, telle une épiphanie, je m’écria in peto « mais j’vais vendre du pinard, moi ! » et je me remémore cette soirée rue du Plateau…

Dès lors, le projet n’est plus à écrire : il est mûr. Du vin nature, des vigneronnes et vignerons que je connais, une prédominance naturelle pour l’Yonne et le nord de la Bourgogne, et, le plus important : être un passeur, un ambassadeur. Pas de discours pontifiant et d’assertions définitives sur le vin, laissons cela au patriarcat toxique et aux professionnels de la profession. 

À La Quarréenne, on est là pour prendre du plaisir, le partager avec vous, et, depuis 2020 on y casse la croûte, tout naturellement…

La Quarréenne est adhérente au syndicat de défense des vins naturels.