La musique

Un peu comme tout le monde et grâce à mon Daron j’ai commencé avec la trilogie Brel-Brassens-Ferré.

Puis les cousins un peu plus âgés me firent découvrir Led Zep, Pink Floyd, Soft Machine ou Gong, les « anciens » de la Maison des Jeunes se chargent eux de m’éduquer au rock plus graisseux, au folk, à la musique bretonne et ses Fest Noz, à Béranger, Zap Mama, Michèle Bernard ou Yves Simon. Pendant ce temps-là au collège c'est le retour du roquanderolle grâce aux Stray Cats et nous ne jurons plus que par Eddie Cochrane, Gene Vincent et Vince Taylor. Je ne m’attarde guère au lycée, et là je continue l’exploration du continent musical. Or, à cette époque, tout est codifié. On a ses propres looks, ses quartiers, ses disquaires, sa radio libre, voire pirate, et, force est de constater que c’est dans le milieu Punk Autonome que l’on trouve la plus grande curiosité et ouverture d’esprit. Non contents d’écouter les groupes contemporains que l’on acclame dans les bars du XXème, à L’USINE ou à l’Élysée, nous explorons la scène mancunienne, bruxelloise, sommes fan de Pascal Comelade, Fela, Yello, Einstürzende Neubauten, de blues, de musette ou d’obscurs chanteurs québécois… 

Le Reggae et le Dub-merci The Clash font partie aussi de notre quotidien, et nous courons les concerts « black » car Paname était clairement la capitale des musiciens de Dakar à Brazza en passant par Yaoundé ou Conakry. Convergence des luttes oblige nous croisions tous les groupes Kabyles, les artistes de Raï et Carte de Séjour dans les concerts de soutien, ou lors de la  Marches des Beurs, puis de Convergence 84. Pour couronner le tout, je fais mon CAP de libraire dans une librairie spécialisée en Opéra !

Tout ça pour dire que teenager j’ai eu une chance énorme de ne pas m'être enfermé dans un style ou un genre grâce à toutes celles et ceux que j’ai côtoyé, grâce à la discothèque de la rue Buffon et son hallucinant fonds de vinyles et grâce à l’anarchie, philosophie d’ouverture s’il en est, totalement incarnée par le rayon disque de la librairie du Monde Libertaire.

Car ensuite vient l’objet, le support. Pour moi la question n’est pas « peut-on vivre sans musique ? » mais plutôt « peut-on vivre sans ses disques et sa musique ? ». Après avoir passé des années à acheter des « racks » de cassettes vierges TDK SA90, j’ai un peu (beaucoup) comme pour les livres, entretenu rapidement un rapport très émotionnel avec mes vinyles et mes CD. J’ai la même platine depuis 45 ans (nous en avions plus ou moins chouré deux avenue de la Grande Armée au siège d’une « major »).

Cet épisode autobiographique pour vous rappeler que La Quarréenne ce n’est pas un concept-sore, ce n’est que moi : une extension organique de ma pomme. À l’ouverture, une de mes premières actions fut de contacter la SACEM (ah, Beaumarchais quand tu nous tiens…) puis de concocter une playlist on ne peut plus éclectique pour le bouclard à partir de mes skeuds. L’acte II, après les livres, fut naturellement de vendre des vinyles. C’est une sélection éclectique de 200 références qui vous attend dans ce petit village morvandiau. Vous vous en doutez : seuls sont présents les labels indépendants. 

« Pourquoi tu vendrais pas des platines ? Tu veux que je te branche ? »

Puis un jour Dany Hamou, un des rois du bon matos HIFI à Paname (rue de Constantinople) me dit : « Pourquoi tu vendrais pas des platines ? Tu veux que je te branche ? », et hop ! Je deviens le premier revendeur REGA™ de l’Yonne et le troisième de toute la région !

Avec toutes ces histoires la musique ne pouvait être uniquement diffusée par des enceintes, même excellentes, La Quarréenne, par le truchement de son association produit désormais une demi-douzaine de concerts par an. Bon, j’vous laisse : faut que je retourne le disque…

La Quarréenne est présente sur deezer.